La taille de la vigne
en principes

Tailler, c’est construire un équilibre entre la plante et le terroir.

Une taille ne s’improvise pas. Elle doit s’appuyer chaque année sur une analyse du potentiel de chaque cep tout en respectant les fonctions physiologiques vitales de la plante.

Voici quelques principes à utiliser sans modération !

Penser « flux de sève »
c’est penser « cambium »

Tissu méristématique générant la croissance en épaisseur de la plante, le cambium construit les parties conductrices (bois et écorce) dans lesquelles circulent la sève. Le bon fonctionnement du cambium est donc essentiel pour la vigne.

Il est important de garder à l’esprit que chaque coupe ou choc sur le cep atteint le cambium et entrave la plante dans sa capacité à construire ses tissus conducteurs.

Alimenté par les feuilles, le cambium nous demande de penser la plante et ses flux du haut vers le bas. C’est un préalable essentiel pour adapter nos pratiques de taille.

Illustration flux de sève vigne

Dessin en coupe situant les différents tissus conducteurs de la vigne et du cambium qui les génère.

Illustration : Marceau Bourdarias

Cordon de vigne décorcé

En retirant les écorces mortes du cep, on met en évidence les partie mortes (marron foncé) et les parties vivantes (marron clair), où le cambium est encore alimenté par les feuilles.

Photo : David Lahaye-Panczak

Décorçage de vigne

Chicots desséchés provoqués par la suppression progressive des baguettes sur un guyot.

Déssechement d'un chicot de vigne

Raccourcissement en longueur d’une baguette sur laquelle un sarment a été gardé pour former la nouvelle baguette : un chicot est laissé pour préserver le sarment en amont.

Connaître l’impact des
plaies sur la plante

Dans la pratique, il est essentiel de faire la différence entre réduire en longueur un sarment ou le supprimer intégralement.

Concernant la réduction en longueur des sarments et des bois de deux ans et plus , la longueur du chicot de dessèchement compte ! Plus ce chicot est long, meilleur c’est pour la plante. Il permet la sécrétion de gommes et de thylles donnant à celle-ci une étanchéité transitoire, notamment pour le débourrement.

Concernant la suppression intégrale d’un sarment ou bois de deux ans, la couronne formée à leur base protège le système vasculaire de la plante et contient des bourgeons indispensables à la résilience de cette dernière. Les couronnes sont, pour les tailleurs, des sanctuaires à préserver à tout prix. Garder les couronnes c’est préserver l’étanchéité de la plante, et maintenir son bois vivant.

Chaque plaie de réduction sur un bois âgé de plus de 2 ans est un compromis que la conduite viticole fait au détriment de la santé de la plante. Sur un bois de trois ans ou plus, le système vasculaire est continu jusqu’à la greffe…  Chaque coupe induit alors un abandon du tissu vasculaire depuis la plaie jusqu’à la greffe, et donc d’importantes nécroses.

Coupe de couronne au sécateur

Couronne préservée suite à la suppression d’un gourmand sur le tronc du cep.

Dissection d'une vigne bi-face

Coupe longitudinale d’un guyot double révélant que de nombreuses coupes sur les bras du cep ont entrainé la mort du système vasculaire et l’abandon de bois jusqu’au point de greffe.

Photos : David Lahaye-Panczak et Marceau Bourdarias

Adapter la charge
en bourgeons
à la vigueur de la plante

Photo d'ébourgeonnage de la vigne

L’ébourgeonnage est une étape décisive pour répartir de manière homogène l’énergie disponible dans l’ensemble des bourgeons laissés à la taille.

Photo : Marceau Bourdarias

Chaque année, à partir du mois d’août, entrent en concurrence deux phénomènes gourmands en énergie pour la vigne : d’une part le mûrissement des raisins, et d’autre part la mise en réserve de sucres dans le bois.

Le premier est nécessaire, bien sûr, pour le viticulteur. Mais le second, lui, est déterminant pour le bon fonctionnement de la plante : les réserves automnales seront en effet redistribuées au printemps pour le débourrement, mais aussi en cas d’imprévu, comme le gel des rameaux, lui permettant ainsi de repartir.

Piloter cet équilibre entre fructification et mise en réserve est donc essentiel pour la résilience de la plante. C’est le rapport entre la production d’énergie par les feuilles et la quantité de raisins, et donc de bourgeons, laissés par le viticulteur à la taille.

Cette action de pilotage ne peut se faire correctement qu’au moment de la taille, en présence des sarments de l’année précédente. L’analyse visuelle de la physionomie de ces derniers détermine le nombre de bourgeons à conserver.

Ici sur ce dessin de guyot double, on a indiqué en rouge les pampres qui auraient dû être supprimés à l’ébourgeonnage.

Conséquence : l’énergie mobilisée par les pampres n’a pas pu servir aux rameaux des baguettes, qui ne se sont développés de manière convenable qu’aux extrémités de celles-ci…

Pour déterminer le nombre de bourgeons à laisser à la taille, on comptera l’ensemble des sarments les mieux développés, pampres compris, que la vigne aura été capable de porter. Ici 6 sarments.

Illustration : Marceau Bourdarias

Dessin de guyot double, adaptation charge et vigueur
Vigne montée en spirale pour raccourcir la longueur de bois

Monter en spirale est sans doute la meilleure manière de contenir une longueur de bois dans un espace limité en hauteur et en largeur.

Photo : David Lahaye-Panczak

Repenser les architectures
pour
accompagner
l’allongement naturel
de la vigne

Les architectures de tailles, qu’elles soient courtes (gobelets et cordons), longues (baguettes et astes), ou mixtes (guyots, chablis) doivent être réfléchies pour faciliter la culture de la vigne, sans pour autant aller contre la nature de cette dernière.

La vigne est une liane qui doit croître en longueur chaque année pour se pérenniser. L’acceptation et la gestion de cet allongement annuel par la taille est donc une vertu pour cette plante.

Dans un souci de compromis, l’allongement annuel peut ainsi être réduit au minimum pour limiter la croissance en hauteur des porteurs. Les tailles longues quant à elles doivent être pensées de manière unidirectionnelle, avec toutes les baguettes tournées dans le même sens, afin de ne pas gêner le chevauchement des bois à terme.
Le palissage enfin peut être adapté dans la mesure du possible à l’accroissement de la plante.

Ces adaptations sont parfaitement compatibles avec les modalités de culture exigées par les appellations.

Réduction de l'allongement Guyot

Repartir sur l’œil le plus bas, lorsqu’il est bien orienté limite l’allongement en hauteur à 2-3 centimètres sur les tailles courtes.

Photo : Marceau Bourdarias

Orientation unidirectionnelle guyot simple

L’orientation unidirectionnelle des architectures du guyot simple permet d’accepter l’allongement de la plante sur le long terme.

Photo : Marceau Bourdarias

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